A propos Tristan

Botaniste en herbe, apprenti herbaliste, éco-jardinier, kiffeur de chlorophylle...

buxaie de Coudrée

Toujours aussi ensorcelante et mystérieuse cette buxaie de Coudrée!

Malheureusement d’effrayantes trouées sont apparues ces derniers temps, créant des poches de lumière criarde et déplacée dans ce bois naturellement sombre.
À noter aussi la présence de nombreux buis paraissant totalement desséchés. L’année dernière la buxaie a été traitée en urgence suite à l’apparition de la pyrale du Buis dans le secteur (voir ici). S’agirait-il des stigmates d’une attaque de cette chenille?…

Tilleul de Sixt

Mises à jour en fin d’article.

Le Village de Sixt-Fer-à-Cheval, dans le haut-Giffre, est surtout connu pour son abbaye et ses paysages grandioses (cirque du fer-à-Cheval, cascades), mais la commune abrite un autre joyau méconnu[1] :
un Tilleul séculaire.

LithographieSitué en plein coeur du village cet arbre classé[2], un Tilleul à grandes feuilles[3], serait âgé de plus de 400 ans, voire 500. Possible mais difficilement vérifiable.
Une expertise dendrochronologique[4] réalisée cette année n’a pu conclure qu’à un âge minimum de 157 ans, faute de pouvoir compter tous les cernes de croissance[5].

Côté archives: un article de « l’indicateur de la Savoie » du 17 octobre 1896 parle du « Tilleul séculaire » ; Achille Raverat écrit, en 1872 : « …au devant, étend son ombrage un tilleul âgé, dit-on, de plus de quatre cents ans… » ; on peut lire en 1865 sous la plume d’Adolphe Joanne : « La place est ornée d’un tilleul aussi beau que celui de Samoëns » ; en 1821 F.J Martin écrit : « Sur le devant de l’abbaye est une place ombragée d’un beau tilleul » ; de vieilles lithographies du milieu du XIXè siècle (image ci-dessus) montrent un arbre déjà imposant[6]

… Nous pouvons en déduire un âge en tous les cas supérieur à 200 ans. Certainement bien davantage (estimation personnelle > entre 270 et 420 ans)…

Bien qu’encore imposant avec ses 5,55 mètres de circonférence cet arbre n’est plus que l’ombre de lui-même.

Ayant subi une forte intoxication au sel de déneigement[7] ce tilleul dépérit depuis 2005, année où les premiers symptômes du mal ont été décelés[8]. Dès l’hiver 2005/2006 un périmètre de non-salage a été établi autour de l’arbre, mais cela n’a pas empêché son déclin.

De grosses chutes de neige à l’hiver 2011/2012 entraînent la casse d’une branche de grosse section. La nouvelle expertise[7] réalisée dans la foulée se fait désormais alarmiste et conclue ainsi: « dans la mesure où cet arbre n’offre plus aucune vitalité ni aucune capacité à réitérer de nouveaux tissus vivants, aucune alternative à l’abattage n’est envisageable pour garantir sa tenue mécanique et la sécurité des lieux. ». Se basant alors sur cette conclusion la municipalité décide de lancer rapidement, début 2012, une procédure officielle afin d’abattre le vieux Tilleul.
La démarche n’est pas si simple car cet arbre étant classé la demande doit être validée par l’inspection des sites. De plus l’État et la mairie semblent s’opposer sur l’après abattage: le maire rejetterait l’idée d’une replantation, quant aux services officiels leur position serait la suivante: aucun abattage ne sera autorisé s’il n’est suivi soit d’une replantation, soit de l’installation d’un élément rappelant l’existence de cet arbre (informations à confirmer).
Il semblerait, pour des raisons de priorités budgétaires, que ce projet soit temporairement reporté (cela ne signifie toutefois pas l’absence d’abattage entre temps)…

Statu quo depuis 2012. Le Tilleul quant à lui, au fil des différentes tailles sanitaires, a perdu son houppier d’origine. Désormais le vieil arbre ressemble à une sorte de Totem tricéphale. Apparence qui ne manque pas d’une certaine beauté, mais ne rend pas hommage à sa splendeur d’antan.

Après cette chronologie objective des événements, quelques remarques personnelles qui n’engagent que moi:

Si je ne contredis pas l’expertise sanitaire (je ne dispose pas des connaissances pour le faire et n’en ai, de toute façon, pas l’intention), la lecture de la conclusion du dernier rapport, proclamant «l’absence d’alternative à l’abattage», me laisse dubitatif.

Pourquoi abattre cet arbre?
Deux arguments sont avancés >    1) il est « mort » (sic)    ,  2) il est « dangereux »

1) Certes l’arbre est mal en point et peut-être condamné à moyenne échéance. Toutefois, et j’ai pu le constater en ce mois de juin, l’arbre est toujours vivant et présente plusieurs bouquets de feuilles d’apparence saine. Je sais que cela n’est pas forcément signe de rémission, mais il serait intellectuellement malhonnête de prétendre que l’arbre est « mort » (comme j’ai pu l’entendre et le lire), et de se servir de cet argument pour précipiter son « démontage »[9] !

Pourquoi ne pas laisser à cet arbre une chance, si maigre soit-elle, de récupérer? Et s’il est réellement condamné, pourquoi ne pas l’accompagner ; lui permettre de terminer tranquillement (si je puis dire) son existence ?… N’est-ce pas le moindre des respect dû à un être vivant aussi âgé? (que dirait-on s’il était préconisé d’euthanasier les retraités dès les premiers signes de faiblesse?)
Qu’en est-il alors de l’argument sécuritaire?…

2) La fragilité des grosses charpentières semble avérée et il convient effectivement d’éviter un drame. Il est toutefois envisageable de rabattre progressivement la hauteur de l’arbre[10] sur plusieurs années (le bouquet de feuilles présent à 3m de haut pourrait peut-être, avec le temps, reformer un houppier?) tout en établissant un périmètre de sécurité non accessible aux piétons. Périmètre qui pourrait parfaitement s’intégrer au projet de rénovation du centre du village.

Les arguments sanitaires & sécuritaires ne permettent donc pas d’affirmer « l’absence d’alternative à l’abattage ». Il s’agit davantage de questions politiques et économiques (voire idéologiques)  que d’une nécessité impérieuse.

Ces quelques remarques se discutent et je conçois parfaitement qu’on puisse envisager de couper ce Tilleul. L’arbre est déclinant et dangereux certes, mais affirmer l’absence d’alternative à l’abattage est un peu fort! Reconnaitre le caractère subjectif de cette assertion est très important car cette conclusion implacable est au coeur du dossier…

N’hésitez pas à poser des questions, proposer des solutions, ou tout simplement à manifester votre intérêt pour cet arbre auprès de la mairie de Sixt:
secretariat(a)sixtferacheval.com  /  mairie(a)sixtferacheval.com
tel: 04 50 34 44 25

juillet 2015  > Je suis retourné voir le Tilleul en ce début juillet, et quel soulagement! Vu son état précaire et cette canicule interminable je m’attendais à ne retrouver qu’une carcasse desséchée.
Au contraire, à mon grand soulagement, l’arbre semble ne pas trop souffrir de cette sécheresse (peut-être certaines de ses racines atteignent-elles la rivière, distante d’une 20aine de mètres?). Notre tilleul a même gagné en végétation, plus particulièrement au niveau des bouquets de feuilles au sommet du fût, avant le départ des trois grosses charpentières (voir cette comparaison 2014-2015). Peut-être pourra-t-il à terme reconstituer un houppier à partir de ces rejets, comme ce fut le cas pour le Tilleul de Saint-Sixt (voir ici). À noter que notre arbre a aussi gagné, en une année, 1cm de circonférence. Tout cela est fort encourageant!

juin 2016  > Bonne nouvelle, le tilleul continue à gagner en végétation, lentement mais sûrement (voir ce comparatif). L’un des gros bouquets de rejets au sommet du fût a été coupé (voir cette image), dans quel intérêt? Esthétique? Il aurait pourtant été plus sage de le préserver, si l’on veut, à terme, abaisser le centre de gravité de l’ensemble (voir l’exemple du Tilleul de Saint-Sixt). Si les grosses charpentières venaient à se briser, ou devaient être coupées par précaution il serait vital que l’arbre affaibli dispose d’un maximum de rejets au sommet du fût…

juin 2018  > Une des trois charpentières, déjà morte en 2016, entraîne avec elle le dessèchement progressif du tronc à sa verticale (indices révélateurs: base écorcée et rejets malingres. Voir ce schéma). La dévitalisation complète de cette section semble désormais inéluctable, et ce, probablement, à très court terme. Même amputé d’une partie de sa structure l’arbre peut parfaitement survivre (le houppier continue même à doucement s’étoffer), mais le risque ici est mécanique car la disparition de la charpentière sèche (qu’il s’agisse de coupe préventive ou de casse accidentelle) déplacera le centre de gravité de l’ensemble et ne permettra plus le haubanage actuel en trois points ; la partie restante se retrouvera en surplomb, avec dès lors un risque élevé d’effondrement total.
La préservation des rejets à la base de l’arbre est donc vitale !

mai 2019  > L’arbre a été abattu!

L’effondrement d’une charpentière en décembre 2018 a hélas scellé le sort de l’arbre[11]. Cet évènement spectaculaire était parfaitement prévisible (je l’avais moi-même anticipé, la mairie aussi d’ailleurs[12]) ; prévisible donc évitable.
L’heure n’est plus à la polémique, à quoi bon désormais ; je reste toutefois convaincu, contrairement à ce que certains peuvent affirmer, que cette issue était évitable et qu’il s’agissait davantage d’un choix politique/idéologique/urbanistique que d’une fatalité…

Localisation: cliquez ici
Accès: Facile. L’arbre se situe en plein coeur du village. …

cliquez ici pour afficher les notes

Orme d’Arthaz Pont-Notre-Dame

En déplacement à Saint-Sixt dans le Faucigny j’en ai profité pour rendre visite à quelques arbres sur le trajet. Ma liste contenait entre autres deux ligneux remarquables mentionnés dans l’ouvrage « Gueule de bois » : un gros Poirier à Reignier et un Orme champêtre à Arthaz-pont-notre-Dame. Sans autre indication que ces noms de communes je me suis mis en quête d’âmes charitables prêtes à aiguiller l’étrange explorateur que je suis (« non mais t’entends ça Lucette? Le monsieur y cherche un arbre! »).

Je n’ai pu localiser le Poirier mais heureusement j’ai eu plus de chance avec l’Orme.
Il est devenu bien difficile de découvrir de gros Ormes, la plupart n’ayant pas survécu à l’épidémie de graphiose des années 70. C’est donc avec une certaine fébrilité que je me suis rendu au lieu indiqué. Fébrilité assaisonnée d’un zeste d’inquiétude: l’ouvrage datant de 1997 je me préparais à l’éventualité de découvrir un arbre sec, voire pas d’arbre du tout.

Quel joie de découvrir ce rescapé bel et bien vivant!

circonférence: 4,48 m   –   hauteur: environ 25 m

En comparant avec la photo de 1996 on constate l’absence de quelques branches et un feuillage un peu plus clairsemé, mais pas de quoi s’alarmer, l’arbre a l’air plutôt sain.

Détail intéressant:
cet orme a donné son nom au chemin qu’il borde.

 

Localisation: voir ici