A propos Tristan

Botaniste en herbe, apprenti herbaliste, éco-jardinier, kiffeur de chlorophylle...

Chênes de Jussy

Quand elle ne suit pas un cours d’eau ou une chaine de montagnes une frontière est une chose imperceptible, abstraite, toute symbolique. Mais il est possible d’en deviner le franchissement par certains détails dans le paysage: affiches, signalétique routière, urbanisme, architecture, etc.
photoDans le Chablais le franchissement de la frontière Franco-Suisse, aux environs de Genève,  s’observe aussi par l’évolution du patrimoine arboré.
Le contraste est frappant concernant les vieux chênes. Sans même parler « arbres remarquables », côté français il est parfois bien difficile de dénicher de gros arbres, disons au delà de 4 m de circonférence ;  alors que côté Suisse le canton de Genève possède plus de 200 chênes aux dimensions remarquables, presque 1arbre/km² ! Le paysage est tout autre, vous imaginez bien.
Si l’on se réfère à l’inventaire officiel de la ville (voir ici) le Canton possède 170 chênes de plus de 5m de circonférence, et 28 de plus de 6 m! (pour 282km² c’est plutôt pas mal)

Mon premier contact avec les vieux chênes genevois a eu lieu dans la commune de Jussy.
Non loin du Château du Crest, à un peu plus d’1km de la frontière, se trouve un groupe d’une 10aine de Chênes pédonculés. L’ensemble n’est pas tout  à fait homogène, ces arbres n’ayant ni les mêmes dimensions, ni les mêmes personnalités.

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A)
Le premier est plutôt discret, car situé en lisière. Il affiche tout de même 5,33 m de circonférence pour une hauteur avoisinant les 20m.

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B)C)D)E)
Les quatre suivants forment un ensemble allant crescendo jusqu’à ~23 m de haut. Si j’étais taquin je les comparerais volontiers aux Daltons. mais je ne suis jamais taquin avec les arbres (qui auraient tôt fait de m’envoyer une branche sur le coin de la tête).
Circonférences: 3,72 – ~5,25 – ~6,40 – 4,46 m. Concernant le plus imposant des quatre j’insiste sur le « environ » tant l’excès de lierre rend la mesure difficile.
La base du dernier arbre, exempte de lierre, laisse admirer la superbe texture de l’écorce… (photo)

F)G) Les deux Chênes suivants n’accrochent pas vraiment le regard. Le premier est en piteux état (c: 4,50m), pour ne pas dire sec. Quant au deuxième je n’ai pu le mesurer (certainement autour de 4,50 lui aussi), la faute au lierre, mais pas uniquement. Soyons fair-play, ce coup-ci l’empêcheuse de mesurer en rond était une magnifique aubépine (Crataegus laevigata) couverte de fleurs… et d’épines acérées.

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H)
Ce chêne se distingue des autres par sa faible hauteur et son port plutôt étalé
(h: ? / c: 4,09m).

 

I) Cet arbre est, je trouve, le plus beau du groupe. Hauteur: ~21/23m / circonférence: 5,49m.

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photoJ)K) Les deux derniers, de hauteurs et de ports similaires, font penser à un avant/après, ou encore avec feuilles/sans feuilles; Le premier affiche 4,55 m de tour de taille. Le deuxième, aux branches nues (ce qui ne manque pas de beauté), couvert de Lierre, étant clairement sénéscent. Le doyen du groupe, avec ses 6,22 m de circonférence termine tranquillement sa vie dans la campagne Suisse…

L) En bord de champ, le long de la route de la gara, se trouvent trois autres chênes plus discrets (circ: ~4,82 – ~4,53 – 3,88 m)…
m) La présence d’une poignée de chênes fraichement plantés indique une volonté de préserver ce patrimoine arboré pastoral. Démarche que je serais heureux de rencontrer plus souvent côté français…

Le tableau ne serait pas complet si j’omettais les quelques arbres intéressants dans les proches environs. À quelques centaines de mètres de là, au croisement de la route de la gara et de la route du Château du Crest quelques chênes méritent le coup d’oeil (hauteurs: ? / circonférences: 4,48 – 4,40 – ~4,28 – ~4,03 – 3,93 – ~3,90 – 3,47 m).

Enfin à 500m au nord-est de notre groupe, le long de la route des Beillans, trône un beau chêne.

Ses dimensions> hauteur: env. 20/22 m  –  circonférence: 4,90m

J’aurais aimé connaître l’histoire de ces arbres, mais mes investigations de ce côté sont restées vaines.

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Localisation: cliquez ici
Accès: facile > à ~1km à l’ouest de Jussy, au rond point, prendre route de la Gara (1er ensemble d’arbres au carrefour). En continuant sur cette même route où en empruntant la route du Château du Crest vous tomberez sur un parking juste en face du groupe de Chênes Champêtres. Enfin le dernier arbre est visible en bord de route des Beillans à quelques centaines de mètres de là. …

Hêtre oratoire

Hier, promenade très agréable au bois du fayet à Saint-Paul en Chablais. « Fayet » (tout comme « fayard ») est un mot de vieux français dérivé du latin fagus désignant le hêtre. Je m’attendais donc à visiter une hêtraie avec peut-être quelques vieux sujets.
Cette forêt porte bien son nom, tant le hêtre y est présent ; toutefois sa nature davantage exploitée que sauvage ne nous a pas permis de trouver de gros et vieux arbres.
En lisière quelques souches prostrées aux moignons horizontaux semblent indiquer la présence d’anciennes haies plessées (haie taillée, aux branches tressées à l’horizontale de manière à former une sorte de clôture végétale. Voir ici), tandis qu’au coeur du bois le hêtre est davantage présent sous forme de taillis que sous forme de gros arbre de futaie (taillis = arbres taillés périodiquement et qui repartent de la souche)…

Sur le chemin du retour nous en avons profité pour faire un crochet par la « route des fayards » à Roseires d’amont afin d’admirer un bel arbre oratoire. La circonférence de ce hêtre n’est pas exceptionnelle, mais ce n’est pas ce qui importe ici, l’intérêt étant le lien que cet arbre entretient avec l’homme, via la présence de cet oratoire.

Olivier, très sérieux, devant le hêtre-oratoire de Roseires d’Amont.

localisation > voir ici

Merisiers de Ripaille

Étonnant comme notre point de vue peut évoluer avec le temps…

Au tout début de ma passion pour les arbres remarquables, il y a 7 ou 8 ans de cela, je ne connaissais pas grand-chose au patrimoine arboré local, aux arbres remarquables, et même aux arbres en général. Je cherchais alors des équivalents au châtaignier de Troubois (photo) , où encore au tilleul de Féternes (photo) . Ce que je ne savais pas encore c’est qu’en commençant mes recherches par les champions locaux je faussais ma vision, car des arbres de ce genre ça ne court pas les rues (hum).
Je m’étais à cette époque rendu dans la forêt de Ripaille, attenante au château du même nom, pour saluer le Chêne Amédée VIII, autre célébrité locale. Triste rencontre: il ne restait pas grand-chose du vénérable ligneux emporté par la tempête de 99.
En vain je cherchais du regard d’autres gros chênes et repartais bredouille, un peu déçu de n’avoir pas découvert de vieux géants.

Je suis retourné à Ripaille dimanche dernier et il ne m’a pas fallu attendre très longtemps pour faire de belles rencontres. Dès l’entrée Je m’arrêtais tous les 10 mètres en poussant des hooo et des haaa d’admiration. Point de vieux Chênes, ni de nobles colosses, mais de belles Aubépines, du Sureau, du Prunellier, du Fusain, du Néflier (…) et surtout de superbes Merisiers en fleurs (>cerisiers sauvages), d’une blancheur éblouissante. J’étais subjugué par cette vision printanière enchanteresse.

Ce lieu est le même (ou presque) qu’il y a quelques années, rien n’a changé. Pourtant à mes yeux ce n’est plus du tout le même endroit! Mon point de vue a simplement évolué, imperceptiblement mais sûrement, me permettant aujourd’hui de réenchanter l’espace.

Quelle belle journée…
(…et quelle leçon!)

360°

Je cherche depuis un certain temps un moyen plus immersif de vous présenter de beaux arbres. Une galerie de photographies, si complète soit-elle, ne peut restituer l’espace. Un panoramique semble alors plus approprié, mais reste encore limité par le cadre de l’image, et ne présente donc, lui aussi, qu’une fraction de la réalité.
La photosphère à 360° j’en rêvais depuis longtemps mais la croyais réservée à une élite de photographes bardés de gadgets high-tech hors de ma portée. Puis, récemment, j’ai découvert le site view de google ainsi que quelques tutos pour réaliser simplement un 360°. Ce ne fut pas si simple que ça (merci Tanguy pour l’étape métadonnées), mais j’ai enfin pu venir à bout de cette photosphère, première d’une longue série je l’espère.

Châtaigneraie de la Chavanne

Pour agrandir la photosphère, cliquez sur l’icône dans l’angle supérieur droit de l’image.