A propos Tristan

Botaniste en herbe, apprenti herbaliste, éco-jardinier, kiffeur de chlorophylle...

le Poirier de Ganguilly à Fessy

Découverte d’un beau Poirier, avant-hier, du côté de Fessy: ~14 m de haut pour 3,66 m de circonférence.
Ô joie, mon tout premier Poirier remarquable!

J’espère avoir l’occasion de le photographier au printemps, paré de son habit floral. Et dans l’idéal j’aimerais rencontrer le propriétaire du verger pour connaître l’histoire de cet arbre.

À suivre…

Saule têtard de l’Huche Bonvard

Les Saules têtards* sont aisément repérables, isolés ou en alignement, tant leur silhouettes caractéristiques les distinguent des autres arbres (voir ce précédent article sur les trognes de st-Cergues). Mais celui que j’ai découvert hier est un têtard discret, oublié, qui poursuit sa vie d’arbre à l’abri des regards. L’absence d’entretien a transformé cette bordure de champ, longée d’un petit cours d’eau, en fourrés impénétrables. C’est en passant à quelques mètres de là que j’ai remarqué ce Saule (car comment repérer autrement cet arbre dont le tronc, bien que massif, n’excède pas 2 mètres de hauteur, et est donc masqué par la végétation alentour).

Notre discret Saule affiche tout de même 6,03 mètres de circonférence à la base (au plus étroit)! Difficile de se rendre compte sans référentiel humain. L’émergence d’un pneu (fichtre, mais que fait-il dans cet arbre?) en bas de l’image vous donnera peut-être une idée de cette masse ligneuse.

Le feuillage cendré des Saules blancs (Salix alba), visible de loin, facilite la découverte de vieilles trognes, du moins en été.
Après avoir exploré toutes les pistes imaginables pour découvrir de nouveaux têtards, effectuer un pré-repérage par images satellite est une méthode que je compte bien tester (exemple: on voit bien la couleur grisâtre de notre arbre sur cette image (photo))…

* «têtard»/«trogne» – définition

addendum

J’ai eu la chance de voir mon travail d’inventaire relayé par le journal Haut-Savoyard « le Messager » (voir ici). Je tiens à remercier chaleureusement le journaliste qui m’a permis de m’exprimer à ce sujet!

J’ai toutefois relevé quelques erreurs de transcription, j’en profite donc pour apporter ce petit correctif.

« Après mon retour à Thonon, j’ai commencé à m’intéresser plus concrètement aux végétaux pour m’occuper l’esprit » > je n’avais nul besoin de «m’occuper l’esprit». Il était plutôt question de mettre à profit l’abondance de temps-libre dont je disposais en approfondissant mes connaissances sur le végétal.

« Je les replantais dans mon jardin, je faisais des essais de croisement… » > Idée intéressante mais j’avoue n’avoir jamais tenté aucun croisement.

« A côté de chez moi, il y a des châtaigniers à Allinges qui sont très anciens et sont évoqués à travers des légendes liées à la vie de Saint-François-de-Sales et d’Amédée VIII. » >  Il fallait lire Amédée VII, dit le comte Rouge, et non Amédée VIII.

« Le premier critère c’est la beauté de l’arbre. Il faut aussi tenir compte de l’âge, de la taille mais cela dépend des espèces. Il y a également le critère de la rareté…» > La beauté est un des critères, pas forcément le « premier » (voir ici).

« Par exemple, les séquoias présents dans le Chablais ont été importés au milieu du XVIIIe siècle. » > je parlais des Séquoias Européens et non Chablaisiens en particulier. Et puis l’introduction de cet arbre nord-Américain a eu lieu au XIXè siècle et non au XVIIIè.

« des arbres oratoires dans les troncs desquels sont insérées par exemple des statues de la sainte vierge. » … mais pas uniquement.

« On trouve par exemple un tilleul de Sully à Féternes ou encore devant l’Eglise de Douvaine » > arbres « dits » de Sully. Le Chablais n’était pas français à cette époque. Difficile de croire qu’on y ait appliqué les directives d’un ministre d’Henri IV…

« Je suis devenu militant quand j’ai vu à Trossy ce qu’était devenu un tilleul [dit] de Sully. » > disons plutôt que la vue de cet arbre m’a fait prendre conscience de l’intérêt (l’urgence parfois) qu’il y a à sensibiliser/informer le public et à valoriser/protéger ces joyaux de notre patrimoine (concernant le Tilleul de Trossy, voir ce document de la DREAL).

la pinatelle du Zouave

En septembre j’ai passé quelques jours en Auvergne, au Puy-en-Velay. Mon oncle à qui je rendais visite tenait absolument à me montrer une curiosité locale (qui a reçu le label « arbres remarquables de France » en mars 2012), quelques kilomètres à l’ouest du Puy:
la « pinatelle du Zouave ».
À vrai dire je revenais d’une journée de randonnée et tout amoureux des arbres que je suis la fatigue émoussait un peu l’enthousiasme qui est habituellement le mien quand je rencontre de nouveaux ligneux.
Mais j’étais loin d’imaginer la féérie du lieu que j’allais découvrir!

Cette pinède (= pinatelle) n’a rien de classique!
Les Pins sylvestres qui la composent alimentaient de leur bois les fours à pain de la région de 1800 à 1930 et étaient pour cette raison appelés « pins de Boulange ».
La taille régulière, à hauteur d’homme, de ces arbres (sortes de Pins-têtards finalement) est à l’origine de leurs formes actuelles: prostrées, noueuses, tourmentées.

Cette explication toute pragmatique est toutefois bien impuissante quand il s’agit de décrire l’atmosphère fantastique, quasi-surnaturelle, du lieu.

Ciel gris, aucun bruit, aucun vent. La nature semblait retenir son souffle et nous invitait à faire de même à l’entrée de ce lieu étrange. L’absence d’autres visiteurs renforçait l’impression de solitude. Non pas une solitude angoissante mais plutôt une solitude sacrée, du genre de celle que vous pourriez ressentir  à l’approche de Stonehenge.
Au sein de cette mystérieuse forêt les quelques cabanes d’enfants rencontrées de-ci de-là passent pour les vestiges d’une obscure tribu disparue ; et les témoins de leurs jeux – pierres et branches – pour des artefacts d’un autre âge…

Plus nous progressions dans cette pinède plus les arbres rencontrés étaient imposants et torturés et plus leur apparence évoquait d’étranges créatures sylvestres pétrifiées.

Au plus profond du bois le temps lui-même semblait figé.

Si ce lieu ne dégageait pas tant de sérénité j’aurais eu l’impression d’être Dante au milieu des âmes damnées du septième cercle:

« J’entendais partout des lamentations
et ne voyais personne qui pût les faire;
aussi je m’arrêtai tout éperdu.
(…) toutes les voix sortaient, entre ces branches, de gens qui se cachaient à nous »

Divine comédie, Chant XIII

 

M’est avis qu’en plein brouillard, ou sous la neige, ce lieu doit être encore plus impressionnant!
Je remercie mon oncle pour ce fantastique voyage hors du temps.

Localisation: cliquez ici
Accès: facile > Emprunter la D590. Au niveau de Farreyrolles (~5km à l’ouest du Puy-en-Velay), non loin du hameau du Zouave (d’où le nom), au carrefour, prendre au nord la route opposée au village de Farreyrolles (pinatelle indiquée)…