la pinatelle du Zouave

En septembre j’ai passé quelques jours en Auvergne, au Puy-en-Velay. Mon oncle à qui je rendais visite tenait absolument à me montrer une curiosité locale (qui a reçu le label « arbres remarquables de France » en mars 2012), quelques kilomètres à l’ouest du Puy:
la « pinatelle du Zouave ».
À vrai dire je revenais d’une journée de randonnée et tout amoureux des arbres que je suis la fatigue émoussait un peu l’enthousiasme qui est habituellement le mien quand je rencontre de nouveaux ligneux.
Mais j’étais loin d’imaginer la féérie du lieu que j’allais découvrir!

Cette pinède (= pinatelle) n’a rien de classique!
Les Pins sylvestres qui la composent alimentaient de leur bois les fours à pain de la région de 1800 à 1930 et étaient pour cette raison appelés « pins de Boulange ».
La taille régulière, à hauteur d’homme, de ces arbres (sortes de Pins-têtards finalement) est à l’origine de leurs formes actuelles: prostrées, noueuses, tourmentées.

Cette explication toute pragmatique est toutefois bien impuissante quand il s’agit de décrire l’atmosphère fantastique, quasi-surnaturelle, du lieu.

Ciel gris, aucun bruit, aucun vent. La nature semblait retenir son souffle et nous invitait à faire de même à l’entrée de ce lieu étrange. L’absence d’autres visiteurs renforçait l’impression de solitude. Non pas une solitude angoissante mais plutôt une solitude sacrée, du genre de celle que vous pourriez ressentir  à l’approche de Stonehenge.
Au sein de cette mystérieuse forêt les quelques cabanes d’enfants rencontrées de-ci de-là passent pour les vestiges d’une obscure tribu disparue ; et les témoins de leurs jeux – pierres et branches – pour des artefacts d’un autre âge…

Plus nous progressions dans cette pinède plus les arbres rencontrés étaient imposants et torturés et plus leur apparence évoquait d’étranges créatures sylvestres pétrifiées.

Au plus profond du bois le temps lui-même semblait figé.

Si ce lieu ne dégageait pas tant de sérénité j’aurais eu l’impression d’être Dante au milieu des âmes damnées du septième cercle:

« J’entendais partout des lamentations
et ne voyais personne qui pût les faire;
aussi je m’arrêtai tout éperdu.
(…) toutes les voix sortaient, entre ces branches, de gens qui se cachaient à nous »

Divine comédie, Chant XIII

 

M’est avis qu’en plein brouillard, ou sous la neige, ce lieu doit être encore plus impressionnant!
Je remercie mon oncle pour ce fantastique voyage hors du temps.

Localisation: cliquez ici
Accès: facile > Emprunter la D590. Au niveau de Farreyrolles (~5km à l’ouest du Puy-en-Velay), non loin du hameau du Zouave (d’où le nom), au carrefour, prendre au nord la route opposée au village de Farreyrolles (pinatelle indiquée)…