44,4

Quel beau cadeau j’ai reçu de mère Noël cette année: un dendromètre Suunto pm5-1520, outil magique permettant de mesurer avec précision la hauteur des arbres.

Jusqu’à aujourd’hui, je me contentais de vagues estimations. J’arrivais parfois à être un peu plus précis grâce à une technique de mon crû, mais rien de bien pratique ni de très rigoureux.

Maintenant je vais pouvoir prendre des mesures exactes de hauteurs…

Histoire d’étrenner mon dendromètre j’ai tout de suite pensé à un petit peuplement de mélèzes en forêt de Lonnaz. Ensemble offrant le triple avantage d’être à côté de chez moi, d’être lisible, si je puis dire (la cime de certains conifères est bien plus facile à distinguer que la plus haute branche d’un feuillu), et présentant des hauteurs élevées.

J’ai choisi un mélèze pratique à mesurer, un des plus hauts du groupe (ils ont tous à peu près la même taille). Je vous passerais les détails des prises de mesures, répétées à des distances différentes pour être certain de ne pas faire de grosse erreur.
Au final l’écart entre ces mesures n’était que d’une vingtaine de cm! pas mal niveau précision!

J’ai donc fait une moyenne et obtenu…
trrrrrr (roulement de tambour)

44,4 mètres

Impressionnant!
Je ne m’attendais pas du tout à franchir la barre des 40 m (qui plus est avec du mélèze).

Photos prises en novembre 2013.

J’ai tenté l’opération sur un autre mélèze qui semblait un peu plus élevé, mais le résultat était moins concluant (base et cime difficiles à discerner, tronc penché), les écarts de mesures étant trop importants (jusqu’à 2m). Il est probable qu’il y ait sur ce site des arbres dépassant les 44,4 m, mais de pas grand-chose à mon avis, peut-être jusqu’à 45 ou 46 mètres.
L’espèce Larix decidua peut atteindre 50 m (record à 53,8 m?) mais ne dépasserait généralement pas 35 m de haut. Une belle surprise donc.

Pas mal pour une première!

Vieille souche

Début juillet, alors que je me trouvais en Vanoise (Savoie), j’ai eu le privilège de traverser la vieille forêt de l’Orgère (à 2000 m d’altitude, juste au-dessus de Modane > voir ici).
Ce lieu magique, magnétique, hors du temps, abrite de nombreux résineux séculaires (Mélèzes, Arolles, quelques Épicéas). On peut y voir, paraît-il, des arbres de plus de 700 ans! Je n’ai malheureusement pas eu le temps de partir à leur recherche, mais j’ai toutefois bien profité de cette courte visite.

Difficile de décrire mes impressions, cependant une chose est sûre: je me suis rarement senti aussi bien. Quelle sérénité en ce lieu!

Certains Arolles (Pin Cembro – Pinus Cembra) m’ont fortement impressionné: noueux, tortueux, massifs, aux racines épousant la roche (…) l’un d’eux, au tronc concave, semble vouloir offrir sa protection à la faune locale et au promeneur égaré (je ne l’étais pas, mais cet ancien m’a tout de même permis de rêvasser un instant entre ses bras ligneux).


Au bord du chemin se trouve la souche d’un Mélèze qui était apparemment âgé de plus de 400 ans. Vu la proximité des anneaux de croissance je veux bien le croire.
Cet arbre disparu n’est pas moins impressionnant que ses congénères vivants. Je dirais même que le vertige existentiel que sa vue suscite est encore plus puissant… En admirant cette souche j’ai tout de suite pensé à ce film d’Hitchcock que j’adore: Vertigo. On y voit le personnage de Madeleine (Kim Novak) dire à Scottie (James Stewart), en montrant une coupe de Sequoia:

« je suis née quelque part par ici… »
   puis de déplacer le doigt de quelques centimètres et d’ajouter: « … et je suis morte là. Pour lui ça n’a été qu’une heure, pour moi une vie ».

Cette séquence est tellement forte! Rien que d’en parler j’en ai la peau de gallinacé!

En contemplant ces êtres séculaires je songe alors à ma modeste vie d’humain qui ne représente qu’un fragment de la leur. Loin d’être effrayante cette pensée m’emplit de gratitude, de sérénité.
Fréquenter de vieux/grands/beaux arbres, en plus d’être une activité apaisante et une joie pour les yeux, nous remet gentiment à notre place. Plus qu’un simple passe-temps il s’agit donc d’un véritable exercice spirituel d’humilité, d’acceptation, de contemplation, de respect et d’amour pour le vivant (une des raisons, si ce n’est LA raison, de la passion que je leur voue).

Puissé-je vous avoir donné envie de vous y intéresser…