Avant chaque plantation (voir article du 8 avril) je note sur une feuille que j’emporte au jardin quelques infos me permettant d’installer au mieux ma plante (exposition, humidité, ph, rusticité, etc). Pour cela je m’aide de ma bible botanique: Flora Helvetica. J’y glane les données qui m’intéressent, les décrypte et les écris alors en clair sur ma fiche de plantation.
« Un exemple! Un exemple! »
Ok, ok, prenons un exemple.
Je dégaine mon pavé, page 492, Saxifrage à feuilles rondes:
Voyons quelles informations utiles je peux y trouver.
Décryptage:
-Tout d’abord la taille : 20 à 50 cm > Donnée me permettant de choisir où planter ma saxifrage en fonction de la hauteur de ses futures voisines (les plus grandes en fond de massif et les plus basses au premier plan).
Passons la description botanique…
Ensuite:
en A) Les chiffres correspondent aux mois de Floraison. « 6-9 » = juin à septembre. Donc contrairement aux fleurs printanières qui flétrissent parfois l’été venu je pourrai profiter de ma saxifrage toute la belle saison : autant l’installer en bord de chemin (…) Suit une description sur le milieu où elle pousse « endroits humides et ombragés, mégaphorbiées » ce qui me donne déjà une idée quant au lieu d’implantation (une « mégaphorbiaie » étant une zone de transition temporelle entre le milieu humide et la forêt) (…) Puis des informations sur l’altitude et la répartition (en Suisse).
en B) Première ligne > origine. « Eur. centr. et mérid. » signifie, vous l’aurez deviné, Europe centrale et méridionale. J’ai donc affaire à une espèce assez répandue et autochtone.
Deuxième ligne > pleins d’infos cruciales en langage codé pour le suspense… Et aussi parce que ça prend moins de place.
Première lettre = « groupe écologique ». Ici « F » pour forestier. Puis une série de six chiffres, échelonnés de 1 à 5 en fonction de l’intensité du facteur en question. Pour notre saxifrage:
Humidité : 4 – « plantes des sols humides ».
PH : 3 – « plantes des sols peu acides (ph 4,5-7,5) ».
Richesse du sol : 4 – « plantes des sols riches en substances nutritives ».
Lumière : 2 – « plantes des endroits ombragés ».
Température : 2 – « plantes des montagnes et des régions boréales, typique de l’étage subalpin ».
Continentalité : 2 – « plantes des régions à climat subatlantique, ne supportant ni gel tardif ni grands écarts de température ».
Et une dernière lettre pour connaitre le « type biologique » (vivace, annuelle, ligneuse, etc).
en C) Carte de répartition sur le territoire suisse. Vu que mon jardin se situe en Haute-Savoie au bord du Léman (petit point rouge) je peux en déduire qu’elle est largement présente dans mon secteur.
Enfin en D) Ma petite fiche avec les infos qui m’intéressent.
Grâce aux données trouvées dans ma bible, décryptées et consignées en langage clair, j’ai pu installer au mieux ma saxifrage à feuilles rondes: Je l’ai donc plantée dans la zone humide (enfin disons la plus humide du jardin), en terre riche, à mi-ombre (au nord de la maison) et le long du chemin pour pouvoir profiter de sa discrète mais magnifique floraison…
…
J’ai découvert cette plante en 2010 en me promenant au lac des Plagnes (voir ici) et suis tombé en admiration devant cette fleur aux motifs d’une élégance incroyable . Et bien la voila dans mon jardin.
Décidément, après l’amélanchier c’est la semaine du collector!
Bonjour,
Je m’intéresse à la botanique depuis peu, je suis en train d’apprendre les familles de plantes, leur mode de reproduction, comment les reconnaitre, et j’aurais voulu savoir si tu pouvais me donner le titre de ton livre avec les fiches sur les plantes, et son auteur. Il a l’air très complet, j’aimerais l’acheter 🙂
Merci, et bonne soirée/journée.
Bonjour.
Alors, le livre en question: « Flora Helvetica » aux éditions Belin, 1600 et quelques pages, très complet. Toutefois, quelques remarques à prendre en compte.
– Il s’agit de la Flore de Suisse. Certes on y retrouve pas mal de plantes cosmopolites, mais si tu habites en Bretagne ou dans le sud le contenu ne sera pas vraiment adapté à tes besoins.
– Ce livre permet d’obtenir des informations sur une plante dont on connaît déjà le nom. Pour les identifications il ne remplace donc pas une « clé de détermination ». J’utilise pour ma part la flore de Jeanne Covillot (adaptée elle aussi à ma région. Mais il en existe d’autres). Le livre est vendu avec sa propre clé, que je trouve cependant moins pratique que la Covillot.
– Cet ouvrage est très cher…
À toi de peser le pour et le contre.
Je ne sais pas si je t’ai été utile, n’hésites pas si tu as d’autres questions…