question épineuse


Voici un Néflier situé à Anthy-sur Léman.

Mespilus germanica est un bel arbuste au tronc tortueux (très ornemental je trouve), jadis cultivé pour ses fruits consommés très très mûrs (on dit qu’ils sont blets, d’aucuns diront pourris), mais qui n’a plus trop la cote aujourd’hui.
Pas si fréquent donc.

Cet exemplaire est-il remarquable?

Sa forme, l’aspect caractéristique de ses fruits, sa situation isolée en bord de route, attirent indéniablement le regard.

Qu’en est-il de ses dimensions: 56 et 43 cm à 1m30 pour environ 1,02m de circonférence à la base.
Je consulte mon échelle statistique et je constate que du simple point de vue des dimensions le Néflier deviendrait remarquable vers 90cm de tour.
Allez hop, validé!

Quoi que…

Un détail a attiré mon attention:
une touffe de rejets d’aspect étrange à mi-tronc.
Rien à voir avec des feuilles de Néflier. On aurait plutôt dit de l’Aubépine.

Sur le moment je ne comprenais pas bien, et suis rentré chez moi en ruminant ce mystère. J’étais en train d’imaginer la fusion entre ces deux arbustes et la victoire finale de Mespilus. Je devais être bien fatigué (ou un peu bobet)  pour ne pas voir l’évidence.

Évidence qui m’apparaitra au détour d’un texte de Lieutaghi: « le Néflier lève tardivement et croît avec une lenteur désespérante [1], aussi ne le multiplie-t-on que par marcottes et par greffe. Ce dernier procédé est à préférer. Le Néflier est bien reçu par le Poirier, le Cognassier, le Pommier et l’Aubépine ».

J’avais donc affaire à un Néflier greffé sur de l’Aubépine!
Très intéressant.

mais alors, quid de la remarquabilité?

En effet, dois-je inventorier cet arbuste en fonction de son identité finale/terminale, si je puis dire, et donc considérer qu ‘il s’agit d’un néflier remarquable d’ environ 1m de circonférence où dois-je considérer cette dernière mesure en fonction des critères de remarquabilité du porte greffe, donc de l’Aubépine? [2]
Dans ce cas 1m de circonférence est intéressant, mais bien moins remarquable.

Question épineuse donc (et qui montre les limites d’une approche statistique)…

Qu’en pensez-vous?

1) Effectivement, j’ai planté un noyau de Nèfle il y a pas loin de 10 ans de cela et le plant ne fait pas plus de 20 cm aujourd’hui.
2) Même problème, finalement, pour tous les arbres greffés.

Parnassie des marais


La Parnassie des marais (Parnassia palustris) est une petite plante des lieux humides. Plutôt discrète elle sait toutefois récompenser le promeneur attentif. Celui-ci remarquera, dans un premier temps, ses feuilles en coeur et ses cinq pétales blancs aux élégantes nervures transparentes.

Mais en s’approchant davantage sa singularité saute aux yeux: cinq petits faisceaux de minuscules billes jaunes jaillissantes.

Un véritable feu d’artifice!

Il s’agit de cils glanduleux surmontant des étamines (:organe mâle) stériles, transformées en écailles nectarifères. Ces petites gouttes dorées si appétissantes sont en fait des leurres destinés à attirer les pollinisateurs ; le nectar étant produit à la base de ces étonnants appendices (en langage botanique: un «staminode»).

Sublimissime!…

fruit du jour

Je viens d’ajouter 22 nouveaux scans à la galerie « graines » (section photos). Pour l’occasion permettez-moi de vous proposer le fruit du jour:

un akène d’Aigremoine/wp-content/gallery/a-images-pour-les-articles-vignettes/akeneaigremoine.jpg

Ce fruit fascinant, pas plus gros qu’une tête de coton-tige, a la particularité d’être coiffé de poils crochus qui lui permettent de s’accrocher à tout ce qui bouge: bêtes à plumes, à poils ou à pantalons (vous en avez sans doute déjà ramené à la maison sans vous en rendre compte, la plante étant assez commune). Le mode de dissémination est alors dit « épizoochore » (chouette un mot savant), de epi- > sur, zoo- > animal  et -chore > se mouvoir. Il existe d’autres modes de dissémination des graines, mais je trouve celui-ci particulièrement intéressant.

Pour la petite anecdote, c’est en observant un fruit de bardane, pourvu des mêmes petits crochets, que George de Mestral inventa en 1941 le Velcro (contraction de « velour » et « crochets »).

Alors la prochaine fois que vous entendrez ce « scratch » si caractéristique, vous pourrez dire d’un ton péremptoire: « sans épizoochorie, pas de velcro », et ainsi subjuguer l’assistance (ou passer pour un fou, au choix)