A propos Tristan

Botaniste en herbe, apprenti herbaliste, éco-jardinier, kiffeur de chlorophylle...

taille des rosiers

Quel plaisir de retourner au jardin après plus de 4 mois de pause hivernale! Pas grand-chose à faire ce mois-ci (dans ma zone climatique en tout cas) si ce n’est nettoyer, préparer et profiter des quelques belles journées de mars.

Comme tous les ans cette période est celle de la taille des rosiers. Je me permets donc de poster ici quelques conseils qui je l’espère vous seront utiles (note: tous mes rosiers sont « remontants », c’est-à-dire qu’ils fleurissent tout au long de l’année. Les « non-remontants », qui ne fleurissent qu’une seule fois, doivent être taillés après la floraison. Il ne sera pas non plus question de rosiers grimpants, tiges ou pleureurs).

précautions

– Opérez hors période de gel.
– Utilisez un sécateur en bon état, affûté et désinfecté. Et oui, les plantes aussi sont victimes de virus, bactéries et autres champignons. Que diriez-vous d’un chirurgien qui utiliserait toujours les mêmes instruments rouillés pour chaque patient? Et bien gardez cette image en tête quand vous opérez vos rosiers. De plus cette désinfection doit se faire entre chaque plant: Si l’un d’eux est malade alors vous risqueriez de contaminer les individus sains.
Pour stériliser mon sécateur j’utilise à la fois de l’alcool et la flamme d’un briquet (mais pas en même temps hein! sinon bye-bye sourcils).

À noter qu’un sécateur ne s’utilise pas n’importe comment (cliquer pour agrandir):
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a) Lame en haut et contre-lame (partie épaisse) en bas > branche écrasée par la contre-lame. Coupe malpropre, porte d’entrée des maladies. b) Lame en bas et contre-lame en haut. La coupe est nette, la contre-lame n’écrasant que la partie coupée de la branche.

Type de taille

Une fois ces précautions prises il vous faudra déterminer quel type de taille appliquer à quel rosier: le bon sens vous dicte sans doute de scalper les gros individus et de laisser tranquille les petits plants chétifs. Et bien c’est tout le contraire qu’il faut faire > « taille courte » pour les gringalets et « taille longue » pour les costauds.
Taille courte: n’hésitez pas à rabattre assez sévèrement les petits plants (voir ici), à 15/20 cm du sol, il n’en repartiront que plus vigoureusement. Sans cela ils ne produiraient que de petites branches chétives et peu florifères.
Taille longue: Taille légère pour les rosiers vigoureux (voir ici). Raccourcis sévèrement ceux-ci produisent de longues branches peu florifères ce qui vous obligera à sortir l’échelle pour aller cueillir l’unique rose de la saison (ok j’exagère un peu… quoi que).

La taille

– commencez par enlever bois mort et branches abîmées.
– Aérez le plant: coupez les branches qui se dirigent vers l’intérieur et celles qui s’entrecroisent.
– Coupez ce qui sort de terre et ce qui démarre sous le point de greffe (bourrelet à la base du rosier) et qui ne ressemble pas tout à fait aux autres branches (« drageons » et « gourmands » qui appartiennent au porte-greffe. Plus d’infos, voir ici, ou )
– Taillez les branches au-dessus d’un « oeil ». La position de celui-ci (branche en devenir) déterminera la forme future de votre rosier. Choisissez donc un œil dirigé vers l’extérieur, anticipez les éventuels croisements de branches afin de les éviter.
– Tailler correctement:

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A) Taille trop longue. Le bout de la branche se nécrosera (lieu d’accueil des parasites et porte d’entrée des maladies).  B) Taille trop courte.  C) Bonne distance, mauvais angle: l’eau stagnera sur la coupe ce qui risque d’occasionner l’apparition de maladies ou le pourrissement de la branche  D) Bonne distance, mauvais angle: La coupe en biseau permet d’évacuer l’eau, mais celle-ci stagnera au niveau du bourgeon. Même remarque que précédemment. Risque supplémentaire en cas de gel tardif.  E) Bonne distance (env 1cm) et bon angle: l’eau sera évacuée à l’opposé du bourgeon.

au cas où

Il est possible de protéger les plaies de taille en utilisant du mastic à cicatriser, c’est ce que je fais en général. N’en ayant pas sous la main cette année j’ai testé un truc trouvé sur le net > de la cire de bougie.
Wait and see…

cornes de cerf

Petite ballade du côté des serres de la Tête d’Or entre bota-geeks. L’occasion pour moi de prendre quelques clichés d’une fougère, repérée le mois dernier, qui m’a tout de suite subjugué par sa structure bien particulière.

platycerium bifurcatum
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Platycerium est un genre de fougère tropicale regroupant une dizaine d’espèces. « Platys » signifie large et « Keras » corne. Son nom commun, tout aussi évocateur, est lui plus facile à retenir: on l’appelle « cornes de cerf », vu la ressemblance de ses frondes (= feuilles des fougères*) avec des bois de cervidé punk. Ces plantes sont dites « épiphytes », c’est-à-dire qu’elles ne poussent pas au sol mais se fixent sur d’autres plantes sans toutefois les parasiter, l’hôte faisant office de support.

Mais il y a autre chose de bien singulier. L’avez-vous remarqué?…

Bien vu (sinon retour à la case observation)! Effectivement notre fougère possède deux types de feuilles*:

– Les plus visibles, qui lui valent son nom, assurent la photosynthèse (d’où la couleur verte des « cornes ») ainsi que la reproduction (les fougères n’ont pas de fleurs ni de graines mais se multiplient par des spores. Vous avez sans doute déjà vu, en vous baladant en forêt, ces croutes/pustules orangeâtes sous les feuilles, qui ne sont autre que des petits « sacs » de spores ([hahaha, sac de sport. Hum… ok je sor(e)s]).

– Les autres frondes, en forme d’applique murale, sont stériles et finissent par brunir (mais ne sont pas mortes pour autant) et se superposer pour former une sorte de mille-feuille. A quoi cela peut-il bien servir?
C’est là que ça devient vraiment passionnant : ce demi-cornet, plaqué au support, permet de recueillir les débris végétaux qui tombent d’en haut (rappelons que nous sommes en forêt tropicale). Ceux-ci finissent par se décomposer et former de l’humus!

Génial non? Plutôt que de choisir entre pousser au sol, avec de la bonne terre mais pas de lumière ou plus haut, dans la canopée, à la lumière mais sans terre ; madame la fougère décide d’avoir le beurre et l’argent du beurre: De la lumière et de l’humus!

Magnifique stratégie évolutive!

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On voit ici quelques étapes de la croissance de la plante. En 1) la feuille stérile (a) apparaît, se développe (en 2), toujours verte) et finit par brunir en 3). Une nouvelle fronde apparait alors (c) pour recouvrir la première, et ainsi de suite. (b) représente les frondes fertiles, les « cornes » de notre Platycerium

Avis aux Lyonnais: cette étonnante fougère se trouve dans les petites serres à l’entrée sud du parc de la Tête d’Or… Aux amateurs de plantes vertes: Platycerium se plait apparemment bien en appartement…

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fruit du jour

Je viens d’ajouter 22 nouveaux scans à la galerie « graines » (section photos). Pour l’occasion permettez-moi de vous proposer le fruit du jour:

un akène d’Aigremoine/wp-content/gallery/a-images-pour-les-articles-vignettes/akeneaigremoine.jpg

Ce fruit fascinant, pas plus gros qu’une tête de coton-tige, a la particularité d’être coiffé de poils crochus qui lui permettent de s’accrocher à tout ce qui bouge: bêtes à plumes, à poils ou à pantalons (vous en avez sans doute déjà ramené à la maison sans vous en rendre compte, la plante étant assez commune). Le mode de dissémination est alors dit « épizoochore » (chouette un mot savant), de epi- > sur, zoo- > animal  et -chore > se mouvoir. Il existe d’autres modes de dissémination des graines, mais je trouve celui-ci particulièrement intéressant.

Pour la petite anecdote, c’est en observant un fruit de bardane, pourvu des mêmes petits crochets, que George de Mestral inventa en 1941 le Velcro (contraction de « velour » et « crochets »).

Alors la prochaine fois que vous entendrez ce « scratch » si caractéristique, vous pourrez dire d’un ton péremptoire: « sans épizoochorie, pas de velcro », et ainsi subjuguer l’assistance (ou passer pour un fou, au choix)