myrtilles… ou pas

À force d’entendre parler, depuis tout petit, du col de Bassachaux, ce lieu mythique où il serait si aisé de récolter des quintaux de myrtilles sans se fatiguer (ou presque), j’ai fini par croire à une légende locale, et ranger l’anecdote dans un tiroir mental approprié, à côté du Dahu et de la dame blanche.
Mais mon goût pour le paranormal et les myrtilles a fini par avoir raison de ma procrastination et je me suis finalement rendu, il y a peu, dans ce lieu légendaire…
Difficile de louper l’endroit, tant le sol était couvert de cette baie magique. Réputation amplement méritée.
Quel ne fut pas mon étonnement toutefois de voir l’arbuste tant convoité cohabiter avec une autre espèce visuellement très proche et de constater que cela ne dérangeait pas outre mesure ma mère et les autres cueilleurs présents. Les habitués du lieu (et ma grand-mère en son temps) ont donc toujours ramassé des myrtilles et…     autre chose.

Il s’agissait en fait d’Airelle des maraisVaccinium uliginosum (sous-espèce microphyllum ?).

Erreur sans conséquence car son fruit est comestible (mais moins goûtu je trouve).
Toutefois, si comme moi vous aimez la précision est désirez faire des recettes à base de myrtille stricto sensu (à savoir « Vaccinium myrtillus ») et non d’Airelle des marais (appelée aussi myrtille des marais ou myrtille de loup) voici quelques outils de détermination:

Il n’y avait de toute façon pas vraiment de danger étant donné le risque ténu d’une confusion entre la myrtille et une plante aux baies toxiques. Un oeil non averti pourrait éventuellement confondre l’Airelle des marais avec le chèvrefeuille bleu (Lonicera caerulea), mais en considérant les critères du tableau précédent et le fait que les feuilles de ce chèvrefeuille sont opposées c’est peu probable.
La confusion avec la Belladone (Atropa belladonna) serait, elle, bien plus grave (mortelle même) ; mais qui a déjà vu son fruit si particulier ne peut se tromper: sorte de cerise noire luisante entourée du calice formant une étoile verdâtre à cinq branches (voir ici).
En cas de doute, abstenez-vous (et en cas de certitude… et bien vérifiez!)…

Parnassie des marais


La Parnassie des marais (Parnassia palustris) est une petite plante des lieux humides. Plutôt discrète elle sait toutefois récompenser le promeneur attentif. Celui-ci remarquera, dans un premier temps, ses feuilles en coeur et ses cinq pétales blancs aux élégantes nervures transparentes.

Mais en s’approchant davantage sa singularité saute aux yeux: cinq petits faisceaux de minuscules billes jaunes jaillissantes.

Un véritable feu d’artifice!

Il s’agit de cils glanduleux surmontant des étamines (:organe mâle) stériles, transformées en écailles nectarifères. Ces petites gouttes dorées si appétissantes sont en fait des leurres destinés à attirer les pollinisateurs ; le nectar étant produit à la base de ces étonnants appendices (en langage botanique: un «staminode»).

Sublimissime!…

Vieille souche

Début juillet, alors que je me trouvais en Vanoise (Savoie), j’ai eu le privilège de traverser la vieille forêt de l’Orgère (à 2000 m d’altitude, juste au-dessus de Modane > voir ici).
Ce lieu magique, magnétique, hors du temps, abrite de nombreux résineux séculaires (Mélèzes, Arolles, quelques Épicéas). On peut y voir, paraît-il, des arbres de plus de 700 ans! Je n’ai malheureusement pas eu le temps de partir à leur recherche, mais j’ai toutefois bien profité de cette courte visite.

Difficile de décrire mes impressions, cependant une chose est sûre: je me suis rarement senti aussi bien. Quelle sérénité en ce lieu!

Certains Arolles (Pin Cembro – Pinus Cembra) m’ont fortement impressionné: noueux, tortueux, massifs, aux racines épousant la roche (…) l’un d’eux, au tronc concave, semble vouloir offrir sa protection à la faune locale et au promeneur égaré (je ne l’étais pas, mais cet ancien m’a tout de même permis de rêvasser un instant entre ses bras ligneux).


Au bord du chemin se trouve la souche d’un Mélèze qui était apparemment âgé de plus de 400 ans. Vu la proximité des anneaux de croissance je veux bien le croire.
Cet arbre disparu n’est pas moins impressionnant que ses congénères vivants. Je dirais même que le vertige existentiel que sa vue suscite est encore plus puissant… En admirant cette souche j’ai tout de suite pensé à ce film d’Hitchcock que j’adore: Vertigo. On y voit le personnage de Madeleine (Kim Novak) dire à Scottie (James Stewart), en montrant une coupe de Sequoia:

« je suis née quelque part par ici… »
   puis de déplacer le doigt de quelques centimètres et d’ajouter: « … et je suis morte là. Pour lui ça n’a été qu’une heure, pour moi une vie ».

Cette séquence est tellement forte! Rien que d’en parler j’en ai la peau de gallinacé!

En contemplant ces êtres séculaires je songe alors à ma modeste vie d’humain qui ne représente qu’un fragment de la leur. Loin d’être effrayante cette pensée m’emplit de gratitude, de sérénité.
Fréquenter de vieux/grands/beaux arbres, en plus d’être une activité apaisante et une joie pour les yeux, nous remet gentiment à notre place. Plus qu’un simple passe-temps il s’agit donc d’un véritable exercice spirituel d’humilité, d’acceptation, de contemplation, de respect et d’amour pour le vivant (une des raisons, si ce n’est LA raison, de la passion que je leur voue).

Puissé-je vous avoir donné envie de vous y intéresser…

surpriiiise

Un petit morceau de mon jardin me tient lieu de pépinière. Celui-ci est organisé en trois zones: A) la serre pour les premiers semis. B) un petit m² fortifié pour permettre aux plantules se développer à l’abri des oiseaux (mais pas encore des limaces). C) juste de l’autre côté du chemin une zone de « quarantaine » où les plantes pourront croître jusqu’à ce que je puisse les identifier.
Cette procédure me permet, une fois la fleur déterminée, de l’installer au mieux dans le jardin (voir cet article).

Tout ceci est bien organisé, certes, mais le succès n’est pas forcément au rendez-vous. Je dois même avouer que le taux de réussite de mes semis est plutôt faible (pas mal de progrès à faire de ce côté là). Quant aux rescapées et bien elles mettent un temps fou à croître, si bien que j’en oublie habituellement leur provenance (les lieux de récoltes des graines/fruits sont bien notés quelque part, mais de ce côté là en revanche c’est pas toujours bien organisé).

Conséquence inattendue de cette situation: Ne disposant d’aucun indice (l’origine de la plante aurait pu m’aider) chaque nouvelle floraison, attendue parfois depuis deux ou trois ans, est donc pour moi un moment de suspense intenable (comment ça j’exagère?). D’autant plus que bien peu de mes semis initiaux parviennent à ce stade.

Seulement quatre nouvelles arrivantes identifiées cette année: L’Anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria), le Grémil officinal (Lithospermum officinale), la Campanule gantelée (Campanula trachelium), et la dernière , en fleurs depuis quelques jours…

Surpriiise!

–  Solidago virgaurea 

Une magnifique et médicinale Astéracée (famille des pâquerettes, soucis, pissenlits, cosmos, etc) que je voulais installer depuis longtemps dans mon jardin. Fleur plutôt fréquente ayant toutefois l’impudence de ne pas pousser spontanément sur mon petit bout de terrain (la rustre!).

Chouette surprise.
Voilà une journée qui commence bien!