Orchidées des Vouas

« Voua » est un terme dérivé du patois, désignant un plan d’eau d’origine glaciaire ; plus précisément: « dépressions fermées dues à la fonte de lentilles de glaces présentes dans les dépôts glaciaires » (ref géoparc). Dans la commune Chablaisienne du Lyaud le voua Bénit, le voua de la Motte et le voua des Splos/Beudet sont tous trois labélisés ZNIEFF, acronyme pour: « Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique » (plus d’infos ici).

Bien qu’envisagée depuis un certain temps (znieff oblige), ma visite de ces vouas fut, pour le coup, imprévue.
Initialement je n’avais pas l’intention de botaniser.

Sans chercher à ratisser le secteur j’ai pourtant découvert, sur une courte distance, pas moins de sept espèces d’Orchidées. Celles-ci sont certainement communes, mais pour ma part je ne les avais encore jamais observées.
Quelle joie de pouvoir ajouter ces plantes à la liste de mes découvertes botaniques! (l’Orchidophilie me gagne)…

Certaines m’étaient familières, de nom en tout cas, comme l’homme-pendu ou l’Orchis singe , ainsi nommées en référence à l’aspect évocateur de la fleur (n’ayant pas prévu d’emporter ma flore je n’ai pu identifier les autres que d’après photo*).

Orchidées du jour: Céphalanthère à feuilles étroites (Cephalanthera longifolia) – Céphalanthère de Damas (Cephalanthera damasonium) (photo) – Listère ovale (Neottia ovata) – Néottie nid-d’oiseau (Neottia nidus-avis) – Orchis homme-pendu (Orchis anthropophora) – Orchis singe (Orchis simia) – Orchis de Fuchs (Dactylorhiza fuchsii)

Concernant cette dernière Orchidée je pensais avoir affaire à une Dactylorhiza maculata (« maculata » pour l’aspect maculé des feuilles), mais en potassant ma précieuse Flora helvética j’ai pu lire: « Labelle trilobé, parfois presque entier; lobe  médian petit, souvent plus court que les lobes latéraux » ;
alors qu’à côté, pour l’Orchis de Fuchs est écrit « Labelle profondément trilobé, lobe médian étroit, gén. dépassant nettement les latéraux »
La fleur semble ici correspondre à cette deuxième description*.

En tout cas je compte bien retourner botaniser aux abords des vouas, notamment pour découvrir le baroque Orchis Bouc (voir ici), indiqué sur la fiche Znieff du Voua Bénit.

 

Fiches ZNIEFF à consulter: 1) Voua de la Motte / 2) Voua des Splos / 3) Voua Bénit

* N’hésitez pas à me signaler d’éventuelles erreurs de détermination.

myrtilles… ou pas

À force d’entendre parler, depuis tout petit, du col de Bassachaux, ce lieu mythique où il serait si aisé de récolter des quintaux de myrtilles sans se fatiguer (ou presque), j’ai fini par croire à une légende locale, et ranger l’anecdote dans un tiroir mental approprié, à côté du Dahu et de la dame blanche.
Mais mon goût pour le paranormal et les myrtilles a fini par avoir raison de ma procrastination et je me suis finalement rendu, il y a peu, dans ce lieu légendaire…
Difficile de louper l’endroit, tant le sol était couvert de cette baie magique. Réputation amplement méritée.
Quel ne fut pas mon étonnement toutefois de voir l’arbuste tant convoité cohabiter avec une autre espèce visuellement très proche et de constater que cela ne dérangeait pas outre mesure ma mère et les autres cueilleurs présents. Les habitués du lieu (et ma grand-mère en son temps) ont donc toujours ramassé des myrtilles et…     autre chose.

Il s’agissait en fait d’Airelle des maraisVaccinium uliginosum (sous-espèce microphyllum ?).

Erreur sans conséquence car son fruit est comestible (mais moins goûtu je trouve).
Toutefois, si comme moi vous aimez la précision est désirez faire des recettes à base de myrtille stricto sensu (à savoir « Vaccinium myrtillus ») et non d’Airelle des marais (appelée aussi myrtille des marais ou myrtille de loup) voici quelques outils de détermination:

Il n’y avait de toute façon pas vraiment de danger étant donné le risque ténu d’une confusion entre la myrtille et une plante aux baies toxiques. Un oeil non averti pourrait éventuellement confondre l’Airelle des marais avec le chèvrefeuille bleu (Lonicera caerulea), mais en considérant les critères du tableau précédent et le fait que les feuilles de ce chèvrefeuille sont opposées c’est peu probable.
La confusion avec la Belladone (Atropa belladonna) serait, elle, bien plus grave (mortelle même) ; mais qui a déjà vu son fruit si particulier ne peut se tromper: sorte de cerise noire luisante entourée du calice formant une étoile verdâtre à cinq branches (voir ici).
En cas de doute, abstenez-vous (et en cas de certitude… et bien vérifiez!)…

Parnassie des marais


La Parnassie des marais (Parnassia palustris) est une petite plante des lieux humides. Plutôt discrète elle sait toutefois récompenser le promeneur attentif. Celui-ci remarquera, dans un premier temps, ses feuilles en coeur et ses cinq pétales blancs aux élégantes nervures transparentes.

Mais en s’approchant davantage sa singularité saute aux yeux: cinq petits faisceaux de minuscules billes jaunes jaillissantes.

Un véritable feu d’artifice!

Il s’agit de cils glanduleux surmontant des étamines (:organe mâle) stériles, transformées en écailles nectarifères. Ces petites gouttes dorées si appétissantes sont en fait des leurres destinés à attirer les pollinisateurs ; le nectar étant produit à la base de ces étonnants appendices (en langage botanique: un «staminode»).

Sublimissime!…

cornes de cerf

Petite ballade du côté des serres de la Tête d’Or entre bota-geeks. L’occasion pour moi de prendre quelques clichés d’une fougère, repérée le mois dernier, qui m’a tout de suite subjugué par sa structure bien particulière.

platycerium bifurcatum
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Platycerium est un genre de fougère tropicale regroupant une dizaine d’espèces. « Platys » signifie large et « Keras » corne. Son nom commun, tout aussi évocateur, est lui plus facile à retenir: on l’appelle « cornes de cerf », vu la ressemblance de ses frondes (= feuilles des fougères*) avec des bois de cervidé punk. Ces plantes sont dites « épiphytes », c’est-à-dire qu’elles ne poussent pas au sol mais se fixent sur d’autres plantes sans toutefois les parasiter, l’hôte faisant office de support.

Mais il y a autre chose de bien singulier. L’avez-vous remarqué?…

Bien vu (sinon retour à la case observation)! Effectivement notre fougère possède deux types de feuilles*:

– Les plus visibles, qui lui valent son nom, assurent la photosynthèse (d’où la couleur verte des « cornes ») ainsi que la reproduction (les fougères n’ont pas de fleurs ni de graines mais se multiplient par des spores. Vous avez sans doute déjà vu, en vous baladant en forêt, ces croutes/pustules orangeâtes sous les feuilles, qui ne sont autre que des petits « sacs » de spores ([hahaha, sac de sport. Hum… ok je sor(e)s]).

– Les autres frondes, en forme d’applique murale, sont stériles et finissent par brunir (mais ne sont pas mortes pour autant) et se superposer pour former une sorte de mille-feuille. A quoi cela peut-il bien servir?
C’est là que ça devient vraiment passionnant : ce demi-cornet, plaqué au support, permet de recueillir les débris végétaux qui tombent d’en haut (rappelons que nous sommes en forêt tropicale). Ceux-ci finissent par se décomposer et former de l’humus!

Génial non? Plutôt que de choisir entre pousser au sol, avec de la bonne terre mais pas de lumière ou plus haut, dans la canopée, à la lumière mais sans terre ; madame la fougère décide d’avoir le beurre et l’argent du beurre: De la lumière et de l’humus!

Magnifique stratégie évolutive!

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On voit ici quelques étapes de la croissance de la plante. En 1) la feuille stérile (a) apparaît, se développe (en 2), toujours verte) et finit par brunir en 3). Une nouvelle fronde apparait alors (c) pour recouvrir la première, et ainsi de suite. (b) représente les frondes fertiles, les « cornes » de notre Platycerium

Avis aux Lyonnais: cette étonnante fougère se trouve dans les petites serres à l’entrée sud du parc de la Tête d’Or… Aux amateurs de plantes vertes: Platycerium se plait apparemment bien en appartement…

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